Martyrs livre 2 by Oliver Peru

Auteur:Oliver Peru [Peru, Oliver]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB Fantasy
Éditeur: Éd. J'ai Lu
Publié: 2014-08-31T22:00:00+00:00

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Irmine n’avait qu’une conscience très approximative de ce qui lui arrivait. Il se rappelait la bataille de la colline, Ashön mourant à quelques pas de lui, le cadavre de l’Aile Bleue et le froid qui lui avait étreint le cœur… Puis, comme lorsqu’il avait serré la mort contre lui à Tanterelle, il avait eu la sensation que la matière et le temps se fondaient l’un dans l’autre. Errant dans un brouillard obscur, il percevait des fragments de réalité, des moments, des voix, des visages et les confondait avec ses souvenirs. Perar lui tenant la main dans une charrette, deux hommes aux traits soucieux penchés au-dessus de lui avec des outils souillés de sang, Kassis l’embrassant dans sa chambre du château des Ronces, Helbrand essayant de lui faire comprendre ses théories sur le monde rond…

Quand était-il ? Où était-il ? Les Forêts Suspendues ? Alerssen ? L’Île de la Flèche ? Tanterelle ? Oui, il semblait se trouver à Tanterelle, dans la cité des fantômes, où Allena cherchait à percer le pouvoir des restes de dragon ensevelis sous la ville. Il errait dans des rues aux angles incertains, cherchait la demeure de la fillette, voyait des maisons se dessiner devant lui, mais il ne reconnaissait rien. Il était perdu. Quelques habitants l’effleuraient sans le voir. Ces gens lui apparaissaient comme de lointains reflets aux visages indéfinis, prisonniers d’une glaise agitée d’un perpétuel mouvement. Irmine voulut leur parler, demander son chemin comme un marin ivre cherchant le phare qui lui révélerait la côte, mais les ténèbres revinrent et l’engloutirent.

Irmine avait la sensation de s’enfoncer dans un puits, de fuir sans savoir où ni pourquoi. Mais qu’avait-il à craindre ? Une nouvelle farce de son pouvoir de Passe-muraille ? Que pouvait-on encore lui voler si ce n’était la vie ?

— La vie de ceux que tu as aimés, lui répondit une lointaine voix de vieillard.

— Ils sont loin… Ils ne sont pas encore nés, protesta Irmine en cherchant dans l’obscurité qui pouvait bien écouter ses pensées.

Une étincelle de lumière apparut soudain dans la nuit qui entourait l’Arserker. Chaude, teintée d’or et de rouge, elle dessinait de petits losanges à quelques pas de l’endroit où il semblait se tenir. Il l’approcha, leva une main fantomatique vers elle en comprenant qu’il se trouvait devant l’unique fenêtre d’une pièce.

— Tu es revenu ? lui dit la voix de vieillard entendue un instant plus tôt.

Irmine tourna sur lui-même jusqu’à voir un homme au visage de glaise face à lui. Il chercha à deviner ses traits à travers les convulsions qui rendaient sa figure insaisissable, mais avant qu’il ne lui parle, la lumière disparut. L’Arserker crut revenir à la conscience. Une soudaine douleur lui transperça la poitrine, il ouvrit l’œil, devina des présences autour de lui. Allongé sur un lit, incapable de bouger, il vit deux guérisseurs en train de l’opérer dans le silence, tandis que Perar lui tenait fermement les bras au-dessus de la tête. Incapable d’articuler le moindre mot, Irmine grogna ; les deux hommes qui le torturaient semblaient avoir leurs mains enfoncées jusqu’au coude entre ses côtes.

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